Dans les années 70 la fête de l’Huma accueillait des lutteurs de foire. Ils se produisaient dans ce qu’on nommait la baraque Jackson, du nom du propriétaire et animateur. Le spectacle commençait toujours de la même manière. Depuis la scène qui dominait la nombreuse assistance le vieux lion Jackson auréolé d’une crinière argentée s’écriait : « Qui veut lutter avec Untel ! » Aussitôt une main hardie se levait et le présomptueux était immédiatement convoqué sur scène et interpellé : « Pourquoi voulez lutter avec untel ?! » « Parce qu’il a une sale gueule ! » Fureur démonstrative du lutteur retenu à grande peine par ses acolytes. Une fois les autres lutteurs défiés le public pouvait, moyennant une obole, pénétrer dans la baraque pour assister au combat.
Mais si vous repassiez quelques heures plus tard ou le lendemain vous pouviez voir le même lutteur défié par le même spectateur qui le provoquait de la même manière. Une parfaite illusion, bien rodé et qui drainait la même foule ravie du défi et de l’esclandre.
La campagne de Jean-Luc Mélenchon m’y fait irrésistiblement penser. A la bastille, à Toulouse et bientôt à Marseille on assiste à un spectacle bien rodé. Jean-Luc Jackson crie, roule des yeux, invective pour le plus grand bonheur de son public. Sans doute beaucoup d’entre eux y trouvent une revanche sur une époque si dure et un horizon politique désespérément bouché.
Mais comme dans les années 70 c’est aussi l’illusion qui est au rendez vous. Quand on demande a Jean-Luc Mélenchon comment son beau projet peut prendre chair, comment le financer, il se dit « ébahi » par de tels questions. « Pour moi c’est de la plomberie ! » et « Il faut bien rêver »
Qui prend le risque de la désillusion ? Qui veut à nouveau convoquer la déception pour le peuple de gauche ?
Ces questions il faut se les poser avant de voter le 22 avril. Chaque électeur de gauche tenté par un premier tour apéritif un peu relevé devra penser à la gueule de bois que nous infligerait le 7 mai un Sarkozy dopé par un virage en tête au premier tour.
Le choix proposé par François Hollande est celui d’un homme qui ne promet rien qu’il ne pourra faire. Le projet de notre candidat c’est d’inscrire la gauche dans la durée, sur des bases solides. Comme il nous l’a dit à Tours : sérieusement de gauche et à gauche sérieusement.
Le choix du 22 avril est de la responsabilité de chacun d’entre nous, sérieusement.
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