Quand toute la droite, courant en vain après le Front national, cultive le malaise par la mise en examen permanente de l’Islam il me suffit de plonger dans les souvenirs pour dissiper ces tristes brumes. Une partie de mon enfance s’est passée à Rabat au Maroc. Souvent mes pas d’enfant me menaient au Chellah, jusqu’à l’ombre du petit minaret coiffé d’un nid de cigogne. Dans la bibliothèque de mes gouts figure en bonne place la harira de la rupture du jeune du ramadan. La voix du muezzin n’évoque pas pour moi une menace mais plutôt une mélopée familière qui rythmait ces jours heureux.
Je suis agnostique, en recherche, sans certitudes religieuses mais sans animosité à l‘égard des croyants. Je suis plutôt à distance des religions du livre dans leurs interventions dans les questions de société. Par exemple la place laissée aux femmes dans ces doctrines ne me satisfait pas, on ne peut concevoir un monde fraternel en confinant la moitié de l’humanité dans un statut mineur.
On ne peut pas considérer la société française du 21ème siècle sans assumer l’héritage de son histoire. Le douloureux et ambigüe legs colonial, l’afflux migratoire des trente glorieuses ont fait de l’islam une des composantes de notre société. Vouloir le nier est au mieux une illusion, au pire une manipulation. A nous de faire que nos compatriotes musulmans trouvent toute leur place et se sentent respectés dans leur convictions. Ainsi la question des lieux de cultes est sensible et fait les choux gras de la droite la plus dure et de ceux qui se perdent sur ses rivages. Ces lieux manquent et laisse la place à toutes les manipulations et les fantasmes dès lors que la rue est le seul lieu possible pour vivre sa foi. Pour cela, formons des vœux pour qu’à Tours la mosquée du Menneton devienne une réalité.
La laïcité doit permettre à chacun de vivre en accord avec ses convictions profondes. Elle doit aussi garantir que ces convictions n’empiètent pas sur l’espace de liberté et de pensée de ceux qui n’y adhèrent pas. Elle doit s’appuyer sur des principes intangibles .Ainsi la place des femmes est entière et en pleine lumière et y attenter va à l’encontre des valeurs de la république.
Nous ne devons pas le laisser l’étendard de la laïcité en de si mauvaises mains, celles du Front National et de l’UMP qui ne s’en empare que pour mieux attiser l’incendie des peurs qui font son lit. La gauche doit le relever sans complexes et restaurer des espaces de confiance ou les mutations de notre société pourront se discuter et se construire sans peur.
Très bon billet !
Rédigé par : Dadavidov | 10/03/2011 à 10:38