Tel est le nom du spectacle profondément émouvant présenté au Nouvel Olympia ce soir et demain. Trois personnages monologuent tour à tour ils ont en commun d’avoir survécu à leur tentative de suicide quand dans le même temps l’Union Soviétique sombrait. Tous les trois ont partagé une foi profonde, celle de l’édification du communisme. Une fois leurs illusions parties en fumée il ne leur reste plus que l’amertume, la culpabilité après avoir encaissé toutes les humiliations, accepté toutes les manipulations. Persuadés qu’ils étaient d’être l’avant garde du bonheur de l’humanité ils acceptaient d’en payer le prix. Sans se douter que cela les mènerait à la solitude, au dégout d’eux même jusqu’au désir de mort.
Ces destins sont déroulés au fil d’un texte dense, superbe écrit par Svetlana Alexievitch. Ancienne journaliste elle donne une grande humanité à son propos en le développant sur le mode de l’interview. Au service de ce beau spectacle trois magnifiques comédiens : Bernard Waver, Stéphanie Schwartzbrod, Christine Nissim.
Pour quelqu’un d’engagé à gauche les réflexions sont multiples. D’abord celles qui tournent autour de l’engagement de millions de militants des partis communistes qui ont vu mettre à bas l’engagement d’années et de vies entières à la chute du mur de Berlin. Malgré cette leçon de l’histoire combien sont-ils encore à croire qu’être vraiment à gauche c’est d’abord adhérer à un dogme en dehors duquel il ne peut y avoir que le soupçon de la trahison ?
Beaucoup de chemin reste à parcourir pour sortir du procès permanent que mènent les purs contre les impurs. C’est à ce prix que la gauche sera de nouveau inventive, apte à offrir un espoir palpable à ceux qui en ont le plus besoin. Ce si beau moment de théâtre est pour chacun de nous un avertissement : nous avons un impérieux devoir de lucidité pour ne pas faire au soir de notre vie militante le douloureux constat de nos désillusions. Je ne doute pas que nous en soyons capable.
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